Even In Arcadia

Even In Arcadia

« Will you listen? » [librement : « Vas-tu écouter? »], demande Vessel, chanteur et multi-instrumentiste de Sleep Token, sur « Look to Windward », la pièce d’ouverture du quatrième album du groupe anonyme. Une fois de plus, ces phénomènes masqués venus du Royaume-Uni brouillent les frontières des genres, la chanson passant du Radiohead époque Kid A à du R&B moderne, puis à des envolées de cordes cinématographiques et à un riff métal explosif. Les fans s’attendent désormais à ce genre de bascules dramatiques, mais Even in Arcadia ne se contente pas de reproduire la formule. C’est une œuvre en expansion, qui repousse encore les limites d’une palette déjà impressionnante. « Emergence » débute par un refrain gospel – « Go ahead and wrap your arms around me » [« Allez, viens me prendre dans tes bras »] – avant que Vessel se mette à rapper sur une boucle de guitare vibrante, glissant ensuite dans un riff nu-métal costaud. Avec « Dangerous », Sleep Token se rapproche peut-être plus que jamais du son de Deftones, un groupe à qui ils ont souvent fait référence, sur le plan tant sonore que mélodique, sur leurs projets précédents. De son côté, « Past Self » prend une tangente R&B plus franche, avec une ligne vocale en écho qui crée un effet stéréo déroutant. Le mélancolique simple « Damocles » puise dans la mythologie grecque et semble parler des luttes de Vessel face à la célébrité et à la difficulté de rester anonyme : « Nobody told me I’d get tired of myself/When it all looks like heaven, but it feels like hell » [librement : « Personne m’avait dit que je finirais par me tanner de moi-même/Quand tout semble être un paradis, mais que c’est plutôt l’enfer »]. « Caramel » explore un thème similaire, mais sur un rythme de xylophone syncopé qui bascule soudain dans une autre mélodie vocale à la Chino Moreno, portée par un déferlement de guitares distordues et une dégelée nu-métal purificatrice. Avec « Provider », Vessel canalise l’esprit du néo-soul façon D’Angelo, allant jusqu’à faire rimer « ICU » avec « I see you » avant qu’un pont métal vienne tout bousculer. L’album se termine sur « Infinite Baths », une méditation prolongée au cœur de la tempête, qui finit par céder la place à la plus longue et féroce déferlante métal du projet, avant de disparaître dans l’ombre, comme le groupe lui-même.

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