So La Lune

Rares sont les rappeurs à s’ouvrir autant en musique pour se refermer une fois l’instru coupée. Autour de So La Lune, peu de détails filtrent. N’étant presque jamais passé au micro pour autre chose que rapper, seules quelques lignes de sa carte d’identité remontent : il est né à la fin des années 1990, a grandi entre Lyon, les Comores et Paris, a commencé le rap en CM2. Et c’est entre ces vers torturés et ces mélodies accidentées que l’artiste loin des standards dévoile ses « fissures de vie » comme personne. So La Lune, c’est d’abord une voix. Dès son premier projet Tsuki à l’été 2020, sa signature vocale attire autant qu’elle repousse. Aigu, parfois impulsif, souvent autotuné et toujours magnétique, son timbre est atypique dans le rap. D’autant plus qu’il sert d’armature à ses mélodies impressionnantes et ses envolées irrépressibles. Comme s’il avait tant sur le cœur que tout devait vite en sortir pour prévenir l’implosion. Et avec plus de dix projets en moins de quatre années, ce cœur paraît bien lourd. Au printemps 2021, So La Lune rappait « Fissure de vie, j’crois que j’suis cassé pour tout le long » sur « Podium » : une image brisée, récurrente dans ses couplets, reprise pour baptiser son premier album en mai 2022. Des addictions au chagrin, ses démons le condamnent à trouver de la lumière. Mais l’ovni musical a découvert son phare dans sa nuit solitaire : la Lune. Un astre qui l'accompagne au fil de sa discographie non formatée, présent dans ses titres comme dans ses punchlines. Et avec le temps, il n’est plus le seul. De SCH à Zamdane, nombre de fusées du rap ont déjà gravité autour de lui.